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prodigua tous les secours imaginables, mais ils ne produisirent quelque effet qu’au bout de trois heures. On lui fit mille questions sur ce qu’elle éprouvait, sans pouvoir obtenir d’autre réponse que celle-ci :

— Ne vous inquiétez point, je ne suis pas malade.

Je lui proposai de passer la nuit près d’elle, mais elle m’a refusé. Madame de Gercourt attribue cet événement au délabrement de sa santé, moi je lui crois une autre cause ; mais j’ai trop le désir de me tromper pour en faire part à personne.

Vois, ma Juliette, combien cette journée a été orageuse pour moi. Que dois-je conclure de tant de choses incompréhensibles ? Hélas ! je n’en sais rien ! Je n’ose me flatter, dans la certitude de mourir en perdant mon espoir. Je n’ose me livrer à des craintes peut-être mal fondées ; enfin j’ignore mon état. Suis-je à plaindre, ou fortunée ! c’est ce que lui seul peut savoir.

Adieu.



XLVI


Caroline a fui de la maison ; le désespoir y règne ; madame Varannes est livrée à tout l’excès d’une douleur mortelle ;… et moi, ma chère Juliette ! moi, qui