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XLV


Dans quelle agitation j’ai passé cette journée, ma Juliette ! La surprise, le plaisir, la compassion et la douleur m’ont émue tour-à-tour. Ce matin Emma est venue me prier de la mener promener du côté de la mer, pour ramasser des coquilles sur le rivage. C’était une fête pour elle, le temps invitait à la promenade ; je pris un livre et nous partîmes. Lorsqu’elle eut fait une ample provision de coquillages, je la conduisis dans un petit bois assez près de la mer, et là je m’assis moins pour me reposer que pour contempler à loisir la beauté du site et le spectacle consolant qu’offre la nature au retour du printemps. Emma jouait à quelque distance de moi, et je commençais à tomber dans une douce rêverie, quand j’entendis marcher quelqu’un, je me retournai aussitôt et j’aperçus James, les yeux fixés sur moi, et peignant l’expression la plus tendre. La surprise me fit jeter un cri ; ma fille accourut, et James la prit dans ses bras, en me demandant pardon d’avoir si maladroitement troublé ma solitude. Je ne me souviens pas de ce que je lui répondis ; mais je sais que la conversa-