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volai à sa rencontre, et sans pouvoir lui dire un mot, je le conduisis auprès du lit de mon enfant. Là, j’observai chacun de ses mouvements, je cherchais à lire dans ses yeux ma sentence, ou l’espoir qui devait me rappeler à la vie, quand je le vis réfléchir et garder un profond silence ; un instant après, il découvrit la tête d’Emma, y posa un topique, et dit :

J’espère que ce remède n’aura point été administré trop tard ; mais il était temps que j’arrivasse, car le dépôt est formé depuis plus de quinze jours.

Puis se tournant vers moi :

— Prenez courage, me dit-il, si le topique attire l’humeur avant que l’abcès ne soit à son terme, votre enfant est sauvé.

Juge de l’état dans lequel je suis ! je sens que mon agitation soutient mon existence, et je ne demande au ciel que la force de supporter ma joie ou la grâce de succomber à mon désespoir.



XXXVII


Elle est sauvée… et je respire à peine. J’allais me livrer à tout l’excès de mon ravissement quand une affreuse nouvelle est venue empoisonner mon bonheur.