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devait faire pour lui. Vous apprendrez seulement qu’il questionna Jeannette sur sa nouvelle résolution, et que s’étant convaincu que son amour pour Julien était plus vif que jamais, il a bientôt obtenu son pardon. Depuis hier les amants sont réunis, et je ne sais comment a fait sir James, mais le père n’a pas l’air de regretter l’alliance du fermier. Cette famille le bénit, et vous mettrez le comble au bonheur de ces époux, en signant le contrat qui doit les unir pour la vie.

M. Bomard se tut, et Lucie sonna pour donner l’ordre d’aller chez le concierge l’avertir que nous irions à six heures lui faire une visite. Elle parla longtemps à M. Bomard, sur tout ce qu’il venait de raconter. Je ne pus me mêler de leur conversation ; les yeux baissés, rougissant d’avoir si mal interprété une action vertueuse, d’avoir accusé l’être le plus parfait. Je m’accablais de tous les reproches qu’il était en droit de me faire, j’aurais voulu lui laisser lire dans mon âme, pour qu’il sût à quel point j’expiais ma faute par mon repentir. Oui, mon amie, c’est la dernière fois que je tomberai dans ce tort, dussé-je être souvent dupe des apparences de la vertu, je ne m’abaisserai plus à la soupçonner.

À six heures Lucie prit le bras de M. Bomard, sir James m’offrit le sien, et nous allâmes tous chez le père de Jeannette. On nous attendait, la famille était