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borné, se contente de copier servilement ce que d’autres ont dit avant elle. Je te défie bien de reconnaître à ces deux portraits, l’auteur de plusieurs ouvrages faits pour enrichir la postérité, et qui, par son style enchanteur et ses pensées délicates, a peint les passions avec autant de décence que de chaleur. Eh bien, ma Juliette, voilà comme madame de Gercourt, toute remplie du sentiment de la charité chrétienne, voit d’un œil indulgent celles qui osent n’être pas de son avis. Cette scène a confirmé mes soupçons, j’ai vu que l’extrême dévotion et quelques succès ne garantissaient pas de la colère et de l’envie.

Adieu, je t’écrirai ma première de Savinie.



XXII


L’on respire ici, ma Juliette, et depuis plusieurs jours que j’y suis établie, je jouis du calme le plus heureux. Lucie me rappelle ton aimable caractère, et je me crois quelquefois près de toi. Plus de discussions, plus de cagotisme : on s’occupe des arts, on parle avec amitié, et cette conversation me soulage bien l’ennui que m’a causé celle de l’abbé et de madame de Gercourt. Nous faisons le matin des promenades délicieuses ; et le soir, sir James nous fait