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vrages sur l’éducation, et prétend refaire la sienne ; elle ne lui parle que morale, et pour que ses principes germent mieux dans son cœur, elle les assaisonne d’une flatterie douce, qui fait croire à la petite qu’elle possède déjà toutes les vertus qu’on veut lui donner. Il n’est plus question de son amour pour sir James. L’abbé me demanda, il y a quelques jours, si madame de Savinie s’était faite catholique en épousant son mari : je lui répondis que je l’ignorais ; mais Frédéric qui se trouvait là dit qu’il ne le croyait pas.

— Cela doit amener bien des querelles entre eux, reprit l’abbé.

— Vous vous trompez, lui dis-je, M. et madame de Savinie vivent dans la plus parfaite intelligence ; ayant tous deux le même désir de faire le bien, ils s’accordent facilement sur les moyens à employer pour y parvenir.

— On peut se dispenser de discuter sur les mystères d’une religion, ajouta Frédéric, quand on suit ses préceptes.

— Je ne suis pas de votre avis, mon frère, interrompit Caroline, et je crois qu’une femme manquerait à tous ses devoirs de chrétienne, en s’alliant à un hérétique.

À ce discours, Frédéric haussa les épaules et s’en alla dans le jardin. L’abbé fit à Caroline un signe