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tribut de ses regrets sur la tombe de mon Henri.

Après cette réponse il a gardé un long silence ; puis sortant de sa rêverie, il m’a dit :

— Employez, madame, tout l’ascendant que votre esprit et votre amitié vous donnent sur Frédéric, pour l’empêcher de faire d’aussi fréquents voyages à D***. Ce qu’il m’a dit des sociétés qu’il y voit, me fait craindre qu’il ne s’y livre trop, et il serait fâcheux qu’elles altérassent sa franchise et son ton naturel.

Je l’ai remercié d’un avis que son attachement pour Frédéric avait sûrement dicté, et je lui ai promis d’en parler à madame de Varannes.

— Ce conseil sera mieux placé dans sa bouche que dans la mienne, ai-je dit, et elle vous saura gré de la prévenir d’un danger qui finirait par devenir inévitable.

Après ces mots, nous sommes descendus. Sir James m’a donné la main jusque dans le salon ; toute la société y était réunie. Il s’est approché de ma belle-mère, s’est informé de ses nouvelles, a refusé l’invitation qu’elle lui faisait de rester à souper ; et après avoir salué respectueusement ces dames, il est reparti. Caroline lui a lancé un regard courroucé, qui a été remarqué par madame de Gercourt et l’abbé de Cérignan, lequel est arrivé cet après-midi. Tu l’imagines peut-être que cet abbé est un vieil