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— Ce doit être un homme d’une conversation bien intéressante, dit la comtesse. On va se l’arracher ; mais j’espère bien être une des premières à le voir.

— Ce ne sera pas une chose facile, reprit le chevalier, car on le dit fort sauvage.

— C’est dans l’ordre, dit le commandeur, un homme qui a le secret de tout le monde doit se cacher.

— Mais il a des amis peut-être, reprit la comtesse. On le rencontrera quelque part.

— Je ne pense pas que ce soit à la cour, dit en riant M. de Saint-Albert ; mais si vous êtes, mesdames, si curieuses de le rencontrer, je crois pouvoir vous en offrir l’occasion.

— Ah ! monsieur le commandeur, s’écria madame de Nangis, si vous me rendez un pareil service, je vous promets de ne plus me plaindre de ces petites vérités que vous m’adressez avec tant de ménagements.

— Non, vraiment, je serais bien fâché que le plaisir de vous obliger me coûtât une de vos injures. J’aime les réparties, et les vôtres sont trop piquantes pour les sacrifier. C’est donc sans aucune condition que je vous propose de me faire l’honneur de dîner samedi chez moi. Lavater m’a promis ce matin de me donner cette journée. Nous devions la consacrer au plaisir de nous rappeler les moments que nous avons passés ensemble dans son ermitage en Suisse, mais il ne m’en voudra pas de le tromper ainsi.

Madame de Saverny accepta avec empressement