Page:Nichault - Anatole.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Valentine. Malgré toutes ses résolutions, il sentit le besoin de lui plaire, en forma le projet, et s’appliqua à étudier les moyens d’y parvenir. L’embarras n’était pas de se conformer à ses goûts, mais de les connaître ; et le chevalier résolut de se servir de l’esprit de madame de Nangis, pour apprendre à captiver celui de Valentine ; bien décidé à se faire les opinions et le caractère qui devaient le mieux séduire la femme auprès de laquelle il désirait le plus de réussir.



VI


Malgré les profits qu’y trouvait son amour-propre, Valentine ne pouvait se soumettre longtemps aux agitations d’une vie aussi dissipée. Elle pria sa sœur de la laisser disposer de ses matinées, qu’elle consacrait ordinairement à l’étude, et de la dispenser quelquefois de la suivre dans ces grandes assemblées où l’ennui règne assez souvent ; mais lorsque madame de Nangis se décidait à rester chez elle, Valentine se faisait un devoir de lui tenir compagnie, et de partager avec elle le soin de faire les honneurs de sa maison. M. d’Émerange, qui s’était aperçu de cette résolution, ne manquait pas de trouver quelques prétextes pour engager madame de Nangis à ne pas sortir. Tantôt il faisait trop froid, les spectacles étaient détestables, et d’ailleurs causait-on quelque part aussi bien que chez elle ! Bonnes ou mauvaises ces raisons