Page:Nichault - Anatole.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les vœux du chevalier, elle se serait probablement épargné le désagrément de lui apprendre elle-même cette mauvaise nouvelle. Ravi de cette espérance, le comte s’empressa de la faire partager à celui qui devait en recueillir le fruit. M. d’Émerange reçut la confidence en homme que le succès n’étonne jamais ; il promit au comte de se rendre à l’invitation qu’il lui faisait de dîner le jour même chez lui, et ne douta pas que Valentine ne lui offrît, dans cette journée, quelques moyens d’attendre patiemment sa réponse.

Il était déjà trois heures, on n’attendait plus qu’une seule personne pour se mettre à table, lorsqu’on annonça M. le comte d’Émerange (c’était son nouveau titre). Ce nom provoqua des émotions bien différentes : madame de Nangis tressaillit de plaisir, et Valentine rougit d’embarras. Mais, à moins d’être dans le secret des femmes, on risque souvent de se tromper sur les impressions qu’elles reçoivent ; et de moins présomptueux que M. d’Émerange auraient pu interpréter comme lui le trouble de Valentine, Cependant il n’eut pas l’air de le remarquer ; mais, quand il lui adressait la parole, il prenait un ton de reconnaissance qui semblait la remercier d’avance de tout ce qu’il attendait de son amour. Ses mots ingénieux, ses regards pénétrants étaient pour Valentine, mais tous ses soins étaient pour la comtesse : il paraissait vouloir se faire un mérite auprès de la première des égards qu’il conservait pour