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« Elle aussi n’a jamais pardonné. » Persuadée qu’elle était frappée d’une vision, Valentine se lève brusquement pour s’en convaincre ; ce mouvement précipité fait tomber son voile ; une main s’avance pour le ramasser, et c’est à travers les colonnes et les ornements gothiques du monument funèbre, que Valentine aperçoit Anatole. Il serre sur son cœur le voile encore humide des larmes qu’elle vient de verser en pensant à lui. L’expression de son visage, son attitude suppliante, semblent la conjurer de lui laisser ce gage de réconciliation ; et Valentine, succombant à son émotion, n’ose ni l’accorder ni le reprendre. Son silence paraît un consentement à Anatole. La joie et la reconnaissance brillent dans ses yeux. Il porte le voile à ses lèvres, et disparaît.

L’espace d’un moment suffit à tant de sensations différentes ; et Valentine était seule, lorsqu’Isaure vint la rejoindre, après avoir achevé sa prière. Elles sortirent toutes deux à pas lents de ce lieu solennel qui devait leur laisser de profonds souvenirs. Isaure en revint, l’esprit frappé de cette impression que reçoit l’enfance à la première vue des tombeaux, et Valentine en rapporta ce recueillement céleste, ce bonheur de vivre, que peuvent seuls inspirer la religion et l’amour.