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à le voir aller si grand train, que le mécanisme en est excellent ; mais examinez chacune de ses parties, et leurs défectuosités vous sauteront aux yeux ! Exemple : Les habitants du Sud et ceux du Nord de l’Amérique sont en guerre. L’industrie cotonnière est menacée de chômage, on suspend le travail partout, les transactions ne se font plus, la panique augmente : l’affranchissement des noirs met les blancs sous le coup de la misère ; l’argent, qui payait le luxe, paie la poudre à canon ; et, des bords du Potomac aux extrémités de l’Europe, la souffrance se fait sentir. Certes, elle est légitime cette cause qui a pour objet la liberté d’une classe d’hommes traités à l’égal du bétail. Ce que nous déplorons, c’est l’entêtement des esclavagistes ; ce qui nous étonne, c’est que, même en les affranchissant, les Américains du Nord traitent les noirs du haut de leur supériorité. Un homme est-il d’origine métisse ou quarteronne ? on le juge indigne de s’asseoir à la table d’un blanc : — « Mon père était mulâtre, — disait un blanc, peu fier de sa lignée, — mon grand-père était nègre, quant à mon bisaïeul, je ne jurerais pas qu’il n’eût été orang-outang. »

Et telle est l’opinion de la plupart des Américains