Page:Niboyet - Le vrai livre des femmes, 1863.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 60 —

Mangin, et quelques-uns de ses imitateurs, ne portent-ils pas fièrement le casque du charlatanisme, et leur jargon n’a-t-il pas des éclairs de génie ? Mangin est, aujourd’hui, l’acteur privilégié du théâtre circulant. On n’achète pas ses crayons pour ce qu’ils valent, on les paie pour échanger de la monnaie contre quelques bons mots du vendeur facétieux. Il est vrai que Mangin prime les jongleurs vulgaires de toute la hauteur de son char… Il ne dissipe pas, celui-là, il amasse ; il n’est pas trivial, il est drôle ; on ne l’aime pas pour la place publique, on aime la place publique pour lui.

Paris dans ses jours de fêtes nationales, alors que le mât de cocagne est en honneur, que le boudin fume en plein vent dans la même poêle que la saucisse ; Paris, disons-nous, voit surgir de toutes parts des industriels nomades qui dressent ici un banc, là quelques chaises dépaillées. Ces malheureux, vêtus de haillons, tirent du chiffonnage leur industrie habituelle ; mais, semblables au vautour, ils tombent sur la première curée offerte à leurs appétits et visent aux gros sous, seul objet de leur ambition.

Sortez le matin, tandis que dort encore le Paris bourgeois, le Paris aristocratique ; de tous côtés, vous