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soi, le chacun chez soi, multiplie les besoins et restreint les ressources.

Nous n’avons pas à établir ici des calculs de chiffres, les statisticiens savent qu’à isoler les hommes, on accroît leur budget, et qu’on le simplifie en les associant.

C’est sur la question d’intérêt que se règlent presque tous les mariages. La dure loi de la nécessité fausse les rapports sociaux. On se lie, on ne s’unit pas. L’amour, attraction naturelle à la jeunesse, n’existe plus. On sacrifie le sentiment au devoir, le devoir au calcul, et le sacrement du mariage devient une affaire.

Comment nos graves moralistes, nos grands penseurs, ne sont-ils pas frappés du désordre qui déborde à tous les degrés de l’échelle sociale ? Et s’ils le voient, comment n’y cherchent-ils pas un remède ? Les légistes ont mis dans les lois toute la rigueur qui les rend fortes. Ont-ils empêché le mal ?

Les prêtres ont érigé en tribunal l’autel de la pénitence, ont-ils tué le vice et prévenu le crime ? Dans les lycées, les professeurs ont largement répandu la lumière. Le gouvernement n’a rien épargné pour le maintien de l’ordre ; d’où vient que la ruse et l’audace vont le front haut, que l’intrigue marche à visage dé-