Page:Niboyet - Le vrai livre des femmes, 1863.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 48 —

l’amour de tous et c’est de cet égoïsme absolu que notre siècle a tiré sa façon d’être. On ne se marie pas pour remplir le vide de son cœur, pour se donner une compagne avec qui accomplir le but de la vie.

La nature provoque la jeunesse à s’unir. L’imagination appelle l’amour ; le plaisir lui répond… Plus tard, c’est la débauche qui parle…

Les jeunes gens pauvres prennent une femme parce qu’ils ne peuvent pas se payer une maîtresse ; les jeunes gens riches prennent une maîtresse parce qu’ils ne sont pas pressés de se donner une femme. L’ouvrier qui se marie pense à l’ordre que sa ménagère mettra au logis. L’oisif qui se marie, pense à la dot qu’il palpera. L’un se voit un aide ; l’autre se voit de meilleures rentes. La femme de celui-ci aura toute la charge des enfants ; la femme de celui-là apportera de quoi les faire élever. L’ouvrier, garçon, se marie pour avoir un intérieur. L’oisif, garçon, se marie quand il a ruiné sa bourse et sa santé. Celui-là ne recherche pas le mérite ; il demande à combien s’élève la dot.

De son côté, souvent la jeune fille riche s’est habituée à considérer le mariage comme un marché où chacun