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domestique où règne l’abandon du cœur, voilà, pour elle, le suprême bien. Son père est savant ? elle l’écoute avec intérêt parler science. Sa mère est membre de diverses œuvres de bienfaisance ? elles travaillent ensemble pour les pauvres, et le soir, si quelques amies viennent, on leur demande un peu d’aide, on coud en commun, tandis qu’une personne lit, à haute voix, quelques chapitres d’un ouvrage de choix.

On veille sans excès, le travail n’est pas poussé jusqu’à la fatigue, et l’influence de Sophie sur son entourage est le résultat des sentiments qu’elle-même a puisés au sein d’une famille où chacun se montre naturel. Petits enfants, jeune fille, vieillard, sont harmonisés dans ce cercle, ils n’ont tous qu’un cœur et qu’une âme !

Et si Sophie, par un dévouement commun aux âmes d’élite, oublie, près des siens, la marche des années, si les devoirs qu’elle accepte envers ses neveux la privent elle-même du titre sacré de mère, pour la placer peut-être un jour au rang des vieilles filles, faudra-t-il ne voir en elle qu’un être antipathique, qu’un champignon au milieu d’une plaine ? Certes, la maternité est la plus noble tâche de la