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se froisser, et il est rare que l’on se dise in petto : Pour être libre, reconnaissons à chacun son droit de liberté. Lorsque la société européenne se composait de maîtres et d’esclaves, le seigneur, c’était la loi, usait jusqu’à l’abus de ses vassaux, et tous courbaient la tête ; mais du sein des masses opprimées s’élevaient des murmures qui, sourds d’abord comme le mugissement des vagues, allaient croissant et se répercutaient d’échos en échos, de fief en fief, de village en village. En ce temps-là, les seigneurs se bouchaient les oreilles pour ne point entendre ou riaient, s’inquiétant peu des bruits qu’ils entendaient, tant ils les croyaient éloignés. Et pourtant, un jour, l’affranchissement qu’ils avaient demandé comme une grâce, les serfs le réclamèrent comme un droit et se firent justice. Il n’y a pas deux tiers de siècle de cela ; les parchemins restèrent, mais la féodalité tomba, et les affranchis de la veille prirent place le lendemain qui, parmi les bourgeois ; qui, parmi les paysans ; quant aux femmes, les jeunes furent quittes du droit du seigneur : les autres continuèrent de subir la condition de leurs maris. L’histoire nous dit bien les amours des preux et des tendres châtelaines ; les chroniques nous ont rapporté