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ordinairement un petit esprit et un cœur étroit. » Cette conclusion nous paraît fausse. Plus la fortune sourit à quelqu’un, plus la vie lui devient facile. Suppose-t-on des vues larges à qui est limité dans ses revenus ? et pourquoi juger étroit l’esprit qui n’a pas besoin de compter ?

On a dit : « Les gueux s’aiment entre eux. »

Oui, le pauvre prend sur son nécessaire pour adoucir un mal qu’il a connu ; mais le riche, en donnant sur son superflu, perd-il le mérite de son œuvre, et de ce qu’il soulage une infortune sans l’avoir éprouvée, s’ensuit-il qu’il ne croie pas au malheur ? Le luxe du riche, c’est le pain du pauvre, le prix du travail de l’artiste et des recherches du savant. Il possède l’argent, levier de l’industrie humaine, source de la fortune publique, mobile de l’activité de tous. Et parce que chacun l’envie, on suppose qu’il n’aime que sa caisse et ne peut avoir d’autres affections. Quelle logique ! À ce compte, les mariages riches seraient, sans exception, une immoralité flagrante.

Une telle opinion ne se discute pas.