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du cœur de ses enfants, particulièrement de ses filles. On ébauche plus qu’on n’achève une éducation. On pousse à grande vitesse l’enseignement, et la mémoire des enfants, développée en serre-chaude, fait parler leur bouche aux dépens de leur cœur. On leur donne une éducation d’épiderme, erreur d’un orgueil mal entendu. Un siècle ne vaut pas moins qu’un autre à son point de départ ; chaque homme y suit la route qu’il se trace. Au sein du chaos enfanté par l’égoïsme, de riches et nobles organisations s’efforcent non point de retenir le torrent qui déborde, mais de mettre à l’écart, pour les abriter sous leur égide protectrice, de jeunes âmes dignes de conserver l’amour du vrai, du beau, du juste, qui procède de Dieu ! Ne regardons pas, sans la plaindre, cette enfance déraillée qui, pour n’avoir plus l’aimable candeur de son âge, n’a pas les qualités d’un autre. Primeur sans goût, séve hâtée, cette ébauche d’âmes ne ressemble à rien, pour trop ressembler à tout. Quoi de plus triste, en effet, que la vue d’un enfant qui joint la fatuité de la jeunesse et l’impudence de l’homme blasé, à la froide logique du vieillard ? Nain ridicule, fruit insipide avant sa maturité, cet avorton humain