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Le Christ, humblement né dans une étable, emmené sur un âne par sa mère à Bethléem, n’eut pour disciples que des êtres obscurs, propagateurs de sa loi d’amour. Cette loi, qu’en ont fait les siècles ; qu’en ont fait les hommes appelés à la transmettre aux générations ? On observe les jours fériés, on prie du bout des lèvres ; mais le cœur reste indifférent, et c’est avec distraction que l’on suit les offices. Dans nos splendides basiliques, où l’art, appuyé sur la foi, avait ménagé la lumière et donné à ces voûtes entre-croisées un ton mystérieux qui pénétrait le fidèle de recueillement ; le chrétien, aujourd’hui, va par habitude. Ce n’est plus pour prier qu’il s’agenouille, c’est par respect humain. Si les orgues jouent, si de suaves voix se font entendre, il écoute comme il ferait à l’Opéra. La musique terminée, il entame avec son voisin une conversation mondaine ; entré par une porte, il sort par l’autre ; l’Église est pour lui un passage qui abrége son chemin et le met à l’abri des ardeurs du soleil, des inconvénients de la pluie ; a-t-il un rendez-vous ? il en attend l’heure à l’église, cela le dispense d’aller au café et d’y payer une consommation. S’il y a quête, il s’abstient de