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LORELY.

du Voltaire allemand. Ils sont de M. Heller, qui a su grouper dans de remarquables paysages les figures romanesques du poëte.

Les arabesques qui entourent les cadres, représentant des rocailles, des animaux et des groupes de génies ailés qui s’élancent du sein des fleurs, sont bien agencées et d’un coloris harmonieux ; elles ont été peintes par M. Simon. La salle de Heller a été exécutée par Jœger. On y voit retracée une légende où la Vierge apparaît en songe au peintre endormi devant son chevalet. Au centre du parquet, une mosaïque représente dans un écusson une lyre ailée, — armes parlantes données à Herder par Charles-Auguste. Sur la cheminée est un buste de l’écrivain. Entre les deux portes, un buste de Lucas Cranach, l’ami de Luther et du duc de Weimar Jean-Frédéric, qui partagea la captivité du réformateur pendant les cinq ans qu’il fut prisonnier de Charles-Quint.

La salle de Gœthe est illustrée des principales scènes de ses ouvrages. Une scène mythologique du second Faust couvre une grande partie des murs. Les sujets sont composés avec grâce, mais l’exécution des peintures n’a pas le même mérite. Il y a de jolis détails dans les médaillons de la salle de Schiller, surtout les scènes de Jeanne d’Arc et de Marie Stuart.

La chapelle du palais, dont les parois et la colonnade sont de marbre précieux, est d’un bel effet qu’augmentent de riches tapis suspendus à la rampe des galeries. Il y a aussi une chapelle grecque pour la grande-duchesse, avec les décorations spéciales de cette religion. On admire encore, dans les appartements des princes, de fort beaux paysages de M. Heller, dont la teinte brumeuse et mélancolique rappelle le Ruysdael. Ce sont des paysages de la Norvége, éclairés d’un jour gris et doux, des scènes d’hiver et de naufrages, des contours de rochers majestueux, de beaux mouvements de vagues, une nature qui fait frémir et qui fait rêver.

La grande-duchesse était malade, et l’on venait de recevoir la nouvelle de la mort de Louis-Philippe, de sorte qu’il n’y eut