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lorely.

le commande, vous pouvez assurer que, pour ma part, je me charge des frais au bronze et de la fonte de ce monument.

Comment se fait-il qu’une si noble proposition soit restée sans réponse, et que Weimar n’ait pas concentré toutes ses ressources sur le devoir qui lui était fait de contribuer à un si patriotique dessein ? C’est une de ces énigmes dont la solution ne sera point recherchée.

La souscription proposée et ouverte par les francs-maçons pour la statue de Herder se propagea avec activité et par le concours de toute l’Allemagne, ainsi que par celui de tous ses enfants disséminées dans les pays les plus éloignés, et jusqu’en Amérique. Elle atteignit une somme suffisante : dès que le chiffre fut obtenu, la statue dut être coulée par M. Schaffer, qui la termina au printemps de cette année. Nous l’avons longtemps contemplée, c’est-à-dire longtemps admirée, la couleur du bronze est trop claire et peut-être trop éclatante. Le piédestal est en marbre de Thuringe, d’une teinte verdâtre, et porte le nom et la date de la naissance et celle de la mort du poète. Au dessous, on lit encore ces mots : Von Deutschen allen Landen, (Érigée par les Allemands de tous les pays.) La statue est très-heureusement conçue, et l’auteur l’a empreinte d’une rare noblesse. Il a réussi à rendre, en l’idéalisant, le caractère de son modèle, dans l’attitude qu’il a donnée à son corps, et dans l’expression qu’il a imprimée à son visage. Le jour anniversaire de la naissance du poëte, 25 août, fut fixé pour l’inauguration du monument : cette date précède de peu celle du 28 août, que toute l’Allemagne avait célébrée l’année dernière, comme étant le centième anniversaire de la naissance de Goethe.

Weimar, comme patrie adoptive de ces deux grands hommes et de tant d’autres célébrités, avait réuni toutes les forces dont elle disposait pour célébrer la mémoire de Herder, et commémorer une fois de plus celle de Gœthe. On fixa donc pour cette époque la représentation de quelques œuvres dramatiques, et l’exécution de grandes compositions lyriques ; car cette