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lorely.

trois avait réellement inventé cette terrible machine de guerre appelée la presse.

Strasbourg célèbre Gutenberg ; Mayenoe célèbre Faust. Quant à Schœffer, il n’a jamais passé que pour le serviteur des deux autres. Faust était orfèvre à Mayence ; Gutenberg, simple ouvrier, l’aida dans sa découverte, et cette union du capitaliste inventeur avec le travailleur ingénieux produisit ce dont nous usons et abusons aujourd’hui.

Faust était, dit-on, le gendre de Laurent Coster, imagier à Haarlem. Ce dernier avait déjà trouvé l’art d’imprimer les figures des cartes. Faust eut l’idée de tailler sur bois les légendes, c’est-à-dire les noms de Lancelot, d’Alexandre et de Pallas qui, jusque-là, avaient été écrites à la main. Cette pensée en fit naître encore une autre chez Faust, ce fut de sculpter des lettres isolées, en bois de poirier, afin d’en former facultativement des mots, Gutenberg, chargé d’assembler ces lettres, eut, à son tour, l’idée de les faire fondre en plomb, et Schœffer, le travailleur en sous-ordre, qui, à ses moments perdus, était vigneron, conçut la pensée d’employer, pour la reproduction nette des caractères, une sorte de machine établie dans le système du pressoir qui foule les raisins.

Telle fut la triple combinaison d’idées qui sortit de ces trois têtes, semblable dans ses résultats aux trois rayons tordus de la foudre de Jupiter.

Rentrerons-nous dans le roman en admettant la légende qui suppose que Faust, s’étant ruiné dans les premiers frais de son invention, se donna au diable afin de pouvoir l’accomplir ? Ceci est probablement une invention des moines du temps, irrités, et de l’effet prévu de l’imprimerie et du tort qu’elle leur faisait dans leurs intérêts comme copistes de manuscrits.

Voici comment quelques auteurs supposent que Faust conçut l’idée de la reproduction des lettres. — En sa qualité d’orfèvre, il avait été chargé d’exécuter les fermoirs d’une Bible, dont le supérieur d’un couvent voulait faire présent à l’évêque de Mayence.