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lorely.

l’église Saint-Thomas ; il est impossible de mieux dépoétiser la mort et de railler plus amèrement l’éternité.

Maintenant, résonnez, notes sévères du chant d’église, notes larges et carrées qui traduisez en langue du ciel l’idiome sacré de Rome ! Orgue majestueux, répands tes sons comme des flots autour de cette nef à demi profane ! Voix inspirées des saintes filles, élancez-vous au ciel, entre le chant de l’ange et le chant de l’oiseau ! La foule est grande et digne sans doute d’assister au saint sacrifice ; les étrangers ont la place d’honneur ; ils occupent le chœur et les chapelles latérales ; les habitants du pays remplissent modestement le fond de l’église agenouillés sur la pierre, ou rangés sur leurs bancs de bois.

Ici commença la plus singulière messe que j’aie jamais entendue, moi qui connais les messes italiennes pourtant. C’était une messe d’un goût rococo, comme toute l’église ; une messe accompagnée de violons et fort gaiement exécutée. Bientôt les exécutants du chœur s’interrompirent et les voix des sœurs augustines descendirent d’une sorte de grande soupente établie derrière l’orgue et masquée d’une grille épaisse. Ensuite on n’entendit plus qu’une seule voix qui chanta une sorte de grand air selon l’ancienne manière italienne : c’étaient des traits, des fioritures incroyables, des broderies à faire perdre la tête à madame Damoreau, et la voix à mademoiselle Grisi ; cela, sur une musique du temps de Pergolèse tout au moins. Vous comprenez mon plaisir ! je ne veux cacher à personne que cette musique et ce chant m’ont ravi au troisième ciel.

Après la messe, je suis monté au parloir. Le parloir ne faisait nulle disparate avec le reste ; un vrai parloir de nouvelle galante ; le parloir de Marianne, de Mélanie et, si vous voulez même, le parloir de Vert-Vert. Quel bonheur de se trouver en plein XVIIIe siècle tout à coup et tout à fait ! Malheureusement, je n’avais aucune religieuse à y faire venir, et je me suis contenté de voir passer deux jeunes novices bleues, qui portaient du café à la crème à madame la supérieure. Là s’est arrêté mon roman.