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DE PARIS À CYTHÈRE.

d’un goût maniéré mais grandiose. Ensuite la rue s’agrandit encore ; des clochers et des tours gracieuses se dessinent dans le lointain ; à gauche, s’étend à perte de vue une file de palais modernes, propres à satisfaire les admirateurs de notre rue de Rivoli ; à droite, un vaste bâtiment dépendant du palais, qui, du côté de la rue, est garni de boutiques brillantes, et qui forme, du côté des jardins, une galerie qui les encadre presque entièrement. Tout cela a la prétention de ressembler à nos galeries du Palais-Royal ; les cafés, les marchandes de modes, les bijoutiers, les libraires, sont à l’instar de Paris. Mais une longue suite de fresques représentant les fastes héroïques de la Bavière entremêlées de vues d’Italie témoignent, d’arcade en arcade, de la passion du roi Louis pour la peinture, et pour toute peinture, à ce qu’il paraît. Ces fresques, le livret l’avoue, sont traitées par de simples élèves. C’est une économie de toiles ; les murs souffrent tout.

Le jardin royal, entouré de ces galeries instructives, est planté en quinconce et d’une médiocre étendue ; la face du palais qui donne de ce côté, et qui vient d’être terminée, présente une colonnade assez imposante ; en faisant le tour par le jardin, on rencontre une autre façade composée de bâtiments irréguliers, et dont fait partie la basilique, le mieux réussi des monuments modernes de Munich.

Cette jolie église, fort petite d’ailleurs, est un véritable bijou ; construite sur un modèle byzantin, elle étincelle, à l’intérieur, de peintures à fond d’or, exécutées dans le même style. C’est un ensemble merveilleux de tout point ; ce qui n’est pas or ou peinture est marbre ou bois précieux ; le visiteur fait tache dans un intérieur si splendide, auquel on ne peut comparer dans toute l’Europe que la chapelle des Médicis, de Florence.

En sortant de la basilique, nous n’avons plus que quelques pas à faire pour rencontrer le nouveau théâtre ; car nous venons de faire le tour du palais auquel se rattachent tous ces édifices comme dépendances immédiates. Pourquoi n’entrerions-nous pas dans cette vaste résidence ? Justement le roi va se mettre à