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VOYAGE EN ORIENT.

trouvent à hauteur d’appui, et leur couverture est plate. Comme il est rare que les habitants de semblables maisons possèdent des couvertures, l’hiver, après avoir allumé leur four, ils se couchent dessus. Chez quelques-uns d’entre eux, il n’y a que le mari et la femme qui jouissent de ce privilège ; les enfants couchent alors à terre. Les chambres ont de petites ouvertures au haut du mur pour laisser entrer le jour et faire circuler l’air ; quelquefois, ces ouvertures sont garnies de grillages en bois. Les toits sont construits de branches de palmier et de feuilles de cet arbre, ou bien de tiges de millet, etc., et recouvertes d’un enduit composé de boue et de paille hachée. L’ameublement se compose d’une natte et quelquefois de deux nattes en guise de lit, de quelques vases en terre et d’un moulin à main pour le blé. L’on voit dans beaucoup de villages de grands pigeonniers carrés placés sur les toits, et dont les parois, ainsi que cela se pratiquait pour les anciens édifices égyptiens, sont légèrement inclinées vers l’intérieur ; souvent, on donne à ces pigeonniers la forme d’un pain de sucre ; ils sont construits de briques non cuites, de boue et de pots ovales ayant une large ouverture à l’extérieur et un petit trou à l’autre extrémité. Chaque couple de pigeons occupe un pot séparé. La plupart des villages égyptiens sont situés sur des éminences formées de décombres, qui les mettent à quelques pieds au-dessus de la hauteur des inondations ; ils sont quelquefois entourés de palmiers. Les décombres avec lesquels ils forment ces éminences proviennent des matériaux d’anciennes cabanes ; on remarque qu’elles semblent s’élever presque au même degré que le niveau des alluvions et le lit de la rivière.

Il est difficile de constater la population d’un pays où l’on n’inscrit ni les naissances ni les décès. Il y a quelques années qu’on a voulu établir un calcul à cet égard, en prenant pour base le nombre de maisons qui couvrent l’Égypte, et la supposition que, dans la capitale, chaque maison contient huit personnes, et qu’ailleurs, dans les provinces, elle n’en contient que six. Ce calcul peut approcher assez bien de la vérité ; ce-