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VOYAGE EN ORIENT.

participant à sa divinité ; que la paix soit avec les apôtres, et louange à Dieu, le Seigneur de toute créature ! » Après, deux ou trois de ces fakirs récitent chacun un verset du Coran. Cela fait, un d’entre eux adresse à ses compagnons la demande suivante : « Avez-vous transmis à l’âme du défunt les mérites de ce que vous avez récité ? » Les autres répondent : « Nous l’avons transmis ; que la paix soit avec les apôtres, etc. » Ceci termine la cérémonie du sebbah, qui chez les riches est répétée la deuxième et la troisième nuit. Cette cérémonie se célèbre aussi dans les familles qui reçoivent la nouvelle du décès d’un proche parent.

Les hommes ne changent rien à leurs habits en signe de deuil ; il en est de même chez les femmes lorsqu’il s’agit d’un homme âgé ; mais, pour les autres, elles portent le deuil ; dans ce cas, elles teignent avec de l’indigo leurs chemises, leurs voiles et leurs mouchoirs, donnant à ces objets une teinte bleue, quelquefois approchant du noir ; quelques-unes teignent de même leurs mains et leurs bras jusqu’à la hauteur du coude, et badigeonnent leurs chambres de la même couleur, quand le maître de la maison ou le propriétaire du mobilier vient à mourir, et aussi, dans d’autres cas de douleur, elles mettent à l’envers les tapis, les nattes, les coussins et les couvertures des divans. Durant leur deuil, elles ne tressent point leurs cheveux, elles cessent de porter quelques-unes de leurs parures, et, si elles fument, elles n’emploient que des tuyaux de roseau.

Vers la fin du premier jeudi après les funérailles, et même souvent dans la matinée de ce jour, les femmes de la famille du défunt recommencent leurs lamentations dans la maison mortuaire ; quelques-unes de leurs amies se joignent à elles ; dans l’après-midi, ou le soir du même jour, les hommes qui furent les amis de la maison y viennent aussi pour faire visite, et trois ou quatre fakirs y font des prières. Le vendredi matin, les femmes se rendent au tombeau, où elles observent le même cérémonial que celui qui a lieu lors de l’inhumation. En partant, elles placent une branche de palmier sur la tombe ou elles