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VOYAGE EN ORIENT.

leur : « Vraiment, Mahomet est l’apôtre de Dieu ; » et, lorsqu’ils te questionneront sur ta religion, dis-leur : « L’islamisme est ma religion ; » et, quand ils te demanderont le livre qui est ta règle de conduite, tu leur diras : « Le Coran est le livre qui règle ma conduite, et les musulmans sont mes frères ; » et, lorsqu’ils te questionneront sur ta foi, tu leur répondras : « J’ai vécu et je suis mort dans la persuasion qu’il n’y a de Dieu que Dieu, et que Mahomet est l’apôtre de Dieu. » Alors, les anges te diront : « Repose, ô serviteur de Dieu ! sous la protection de Dieu ! »

Les Égyptiens croient que l’âme reste avec le corps pendant la première nuit qui suit l’inhumation, et que, cette nuit-là, elle est visitée et examinée par les deux anges indiqués ci-dessus, qui peuvent torturer le corps.

Les personnes louées pour assister aux funérailles sont payées au tombeau ; les yiméniyeh reçoivent habituellement une piastre par tête. Il a été dit que les gens opulents font conduire à dos de chameau de l’eau et du pain, qui sont distribués aux pauvres après l’inhumation ; aussi les malheureux se rendent-ils en foule au cimetière, lorsqu’on y sacrifie un buffle, dont la viande est également distribuée aux pauvres ; cela s’appelle el-kaffarah (l’expiation). On croit que ce sacrifice peut expier les petits péchés, mais non pas les gros. Après les funérailles, chaque parent du défunt est complimenté par le vœu « que sa perte puisse être heureusement compensée, » ou bien on le félicite de ce que sa vie est prolongée.

La nuit qui suit l’inhumation est nommée leylet-el-wahed (nuit de la solitude), la place du défunt restant abandonnée.

Dès le coucher du soleil, on conduit deux ou trois fakirs à la maison mortuaire, où ils soupent de pain et de lait, à la place où le défunt est mort ; ils récitent après le sourat El-Mulk (soixante-septième chapitre du Coran). Comme on croit que, durant la première nuit après l’inhumation, l’âme reste avec le corps, pour se rendre ensuite, soit au séjour désigné aux âmes vertueuses jusqu’au jour du dernier jugement, soit dans la pri-