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APPENDICE.

Le singe doit aussi exécuter plusieurs danses grotesques. On dit à l’âne de montrer la plus jolie fille, ce qu’il fait aussitôt en mettant ses naseaux sur le visage de la plus belle, à sa grande satisfaction, comme à celle de tous les assistants. On ordonne au chien d’imiter un voleur, et il se met à ramper sur son ventre. Enfin, le meilleur de tous ces exercices est celui du chevreau. Il se tient sur une petite pièce de bois ayant à peu près la forme d’un cornet à dés, long d’environ quatre pouces sur un et demi de large ; en sorte que ses quatre pieds sont rassemblés sur cet étroit espace. Cette pièce de bois portant ainsi le chevreau est soulevée ; on en glisse une toute semblable dessous ; puis une troisième, une quatrième et une cinquième sont ajoutées sans que le chevreau quitte sa position.

Les Égyptiens s’amusent souvent à voir représenter des farces basses et ridicules qu’on appelle mouabazins. Ces représentations ont souvent lieu dans les fêtes qui précèdent les mariages et les circoncisions chez les grands, et attirent quelquefois de nombreux spectateurs sur les places publiques du Caire ; mais elles sont rarement dignes d’être décrites, car c’est principalement par de vulgaires et indécentes plaisanteries qu’elles obtiennent des applaudissements. Il n’y a que des hommes pour acteurs, les rôles de femmes étant toujours remplis par des hommes ou de jeunes garçons dans l’accoutrement féminin.

Voici, comme spécimen de leurs pièces, un aperçu de l’une de celles qui furent jouées devant Méhémet-Ali, à l’occasion de la circoncision de l’un de ses fils, où, selon l’usage, plusieurs enfants étaient également circoncis.

Les personnages du drame étaient un nazir ou gouverneur de district, un cheik-el-beled, ou chef de village, un serviteur de ce dernier, un clerc cophte, un pauvre diable endetté envers le gouvernement, sa femme et cinq autres personnages qui faisaient leur entrée, deux en jouant du tambour, un troisième du hautbois, et les deux autres en dansant. Après qu’ils