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VOYAGE EN ORIENT.

ordinairement avec elle un sac de cuir contenant le matériel de sa profession, et elle parcourt les rues en criant : « Je suis la devineresse ! j’explique le présent, j’explique l’avenir ! »

La plupart des Guayaries tirent leurs horoscopes au moyen d’un certain nombre de coquillages, de morceaux de verre de couleur, de pièces d’argent, etc., qu’elles jettent pêle-mêle, et c’est d’après l’ordre dans lequel le hasard les dispose qu’elles forment leurs inductions. Le plus grand coquillage représente la personne dont ils doivent découvrir le sort ; d’autres coquillages figurent les biens, les maux, etc., et c’est par leur position relative qu’elles jugent si les uns ou les autres arriveront ou n’arriveront pas à la personne en question. Quelques-unes de ces bohémiennes crient aussi : Nedoukah oué entchir ! (Nous tatouons et circoncisons !)

Quelques bohémiens jouent aussi le rôle d’un bahlonan, nom donné en propre à des baladins, spadassins ou champions fameux, tous gens qui se faisaient un renom autrefois au Caire en y déployant leur force et leur dextérité. Mais les exercices des bahlonans modernes sont presque uniquement restreints à la danse de corde, et tous ceux qui pratiquent cet art sont bohémiens. Quelquefois, leur corde est attachée au medéneh d’une mosquée, à une hauteur prodigieuse, et s’étend sur une longueur de plusieurs centaines de pieds, soutenue de place en place par des perches plantées dans le sol.

Les femmes, les filles et les garçons suivent volontiers cette carrière ; mais ces derniers font aussi d’autres exercices, tels que tours de force, sauts à travers des cercles, etc.

Les skouradatis (cette désignation est tirée du mot singe), amusent les basses classes au Caire par divers tours exécutés par un singe, un âne, un chien et un chevreau. L’homme et le singe (ce dernier est ordinairement de l’espèce des cynocéphales) combattent les trois autres avec des bâtons. L’homme habille le singe d’une façon bizarre, comme une mariée ou une femme voilée ; il le précède en battant du tambourin, et le fait parader ainsi sur le dos de l’âne dans le cercle des spectateurs.