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VOYAGE EN ORIENT.

disant : « Répétez le fattah pour le prophète. » À quoi le nakib ajoute : « Venez à pareil jour et à pareille heure ici pour prendre une tasse de café. »

Les personnes ainsi invitées se rassemblent soit chez le père, soit chez le jeune homme, et quelquefois à la campagne où ils sont régalés de café et où on leur donne à dîner.

Le néophyte est conduit devant le cheik ; on récite des vers à la louange du prophète, puis on lui met autour de la taille un châle noué par un nœud aux extrémités. On récite des versets du Coran, puis on fait au châle un second nœud ; au troisième nœud, qui se fait après qu’on a dit encore quelques versets du Coran, on fait une rosette au châle, et le jeune homme est admis comme membre du corps de métier auquel il se voue. Alors, il baise la main du cheik et de chacune des personnes présentes ; il donne une légère contribution et fait partie du corps de métier.

Les Égyptiens, qui vivent habituellement de la manière la plus frugale, mettent dans leurs festins le plus de variété et de profusion ; mais le temps consacré au repos est très-court. Dans les réunions de ce genre, ordinairement on fume, on boit à petits coups du café ou des sorbets, et on fait la conversation.

Pendant la lecture du Coran, les Turcs s’abstiennent, en général, de fumer, et les honneurs qu’ils rendent au livre sacré ont fait dire d’eux que « Dieu a mis la race d’Othman au-dessus des autres musulmans, parce qu’ils honorent le Coran plus que ne le font les autres ! »

Les seuls amusements de ces réunions sont quelques récits ou quelques contes ; mais tous prennent un plaisir extrême aux danses et aux concerts des musiciens que l’on fait exécuter pendant ces jours de fêtes.

Il est à remarquer qu’un Égyptien s’amuse à jouer n’importe à quel jeu, à moins qu’il ne soit en petit comité de deux ou trois personnes ou dans sa famille. Quoique sociable, l’Égyptien donne rarement de grandes fêtes, et il faut pour cela des événe-