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LES NUITS DU RAMAZAN.

pures, d’arabesques dorées, avec un toit à la chinoise et des bronzes étincelants,

La porte du sérail laisse voir encore entre ses colonnettes les niches qui servaient autrefois à exposer des têtes, les célèbres têtes du sérail.


III — FÊTES DU SÉRAIL


Je me vois forcé de ne pas décrire les cérémonies intérieures du palais, ayant l’usage de ne parler que de ce que j’ai pu voir par moi-même. Cependant, je connaissais déjà en partie le lieu de la scène. Tout étranger peut visiter les grandes résidences et les mosquées, à de certains jours désignés, en payant deux ou trois mille piastres turques. Mais la somme est si forte, qu’un touriste ordinaire hésite souvent à la donner. Seulement, comme, pour ce prix, on peut amener autant de personnes que l’on veut, les curieux se cotisent, ou bien attendent qu’un grand personnage européen consente à faire cette dépense. J’avais pu visiter tous ces monuments à l’époque du passage du prince royal de Prusse. Il est d’usage, en de pareils cas, que les Européens qui se présentent soient admis dans le cortège.

Sans risquer une description que l’on peut lire dans tous les récits de voyages, il est bon d’indiquer la situation des nombreux bâtiments et des jardins du sérail occupant le triangle de terre découpé par la Corne-d’or et le Bosphore. C’est toute une ville enfermée de hauts murs crénelés et espacés de tours, se rattachant à la grande muraille construite par les Grecs, qui règne le long de la mer jusqu’au château des Sept-Tours, et qui, de là, ferme entièrement l’immense triangle formé par Stamboul.

Il y a dans les bâtiments du sérail un grand nombre de constructions anciennes, de kiosques, de mosquées ou de chapelles, ainsi que des bâtiments plus modernes, presque dans le goût européen. Des jardinets en terrasse, avec des parterres,