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LES NUITS DU RAMAZAN.

montrer était dangereux : la visiteuse pouvait être vieille ou laide ; de plus, quoique les musulmanes s’accommodent forcément d’un partage d’époux, la jalousie n’est point absente de leur âme quand il s’agit d’une affaire de cœur. Le malheureux avait plu.

Quand le soir arriva, l’amie importune, après avoir dîné, pris des rafraîchissements plus tard, et s’être livrée longtemps, sans doute, à des causeries médisantes, finit par quitter la place, et l’on put faire sortir enfin le Français de son étroite cachette.

Il était trop tard pour reprendre l’œuvre longue et difficile du portrait. De plus, l’artiste avait contracté une faim et une soif de plusieurs heures. On dut alors remettre la séance au lendemain.

Au troisième jour, il se trouvait dans la position du matelot qu’une chanson populaire suppose avoir été longtemps retenu chez une certaine présidente du temps de Louis XV… ; il commença à s’ennuyer.

La conversation des dames turques est assez uniforme. De plus, lorsqu’on n’entend pas la langue, il est difficile de se distraire longtemps dans leur compagnie. Il était parvenu à réussir le portrait demandé, et fit comprendre que des affaires majeures le rappelaient à Péra. Mais il était impossible de sortir de la maison en plein jour, et, le soir venu, une collation magnifique, offerte par la dame, le retint encore, non moins que la reconnaissance d’une si charmante hospitalité. Cependant, le jour suivant, il marqua énergiquement sa résolution de partir. Il fallait encore attendre le soir. Mais on avait caché le daguerréotype, et comment sortir de cette maison sans ce précieux instrument, dont, à cette époque, on n’aurait pas retrouvé le pareil dans la ville ? C’était de plus son gagne-pain. Les femmes de Scutari sont un peu sauvages dans leurs attachements ; celle-ci fit comprendre à l’artiste, qui, après tout, finissait par saisir quelques mots de la langue, que, s’il voulait la quitter désormais, elle appellerait les voisins en criant qu’il était