chaque parole du roi ou de son hôtesse, Banaïas, seul, au milieu du silence général, s’écria avec un sourire bénin :
— Charmant ! divin !
Soliman se mordit les lèvres et murmura d’une façon assez directe :
— Quel sot !
— Parole mémorable ! poursuivit Banaïas voyant que son maître avait parlé.
Or, la reine de Saba partit d’un éclat de rire.
Puis, avec un esprit d’à-propos dont chacun fut frappé, elle choisit ce moment pour présenter coup sur coup trois énigmes à la sagacité si célèbre de Soliman, le plus habile des mortels dans l’art de deviner les rébus et de débrouiller des charades. Telle était alors la coutume : les cours s’occupaient de science… elles y ont renoncé à bon escient, et la pénétration des énigmes était une affaire d’État. C’est là-dessus qu’un prince ou un sage était jugé. Balkis avait fait deux cent soixante lieues pour faire subir à Soliman cette épreuve.
Soliman interpréta sans broncher les trois énigmes, grâce au grand prêtre Sadoc, qui, la veille, en avait payé comptant la solution au grand prêtre des Sabéens.
— La sagesse parle par votre bouche, dit la reine avec un peu d’emphase.
— C’est du moins ce que plusieurs supposent…
— Cependant, noble Soliman, la culture de l’arbre de sapience n’est pas sans péril : à la longue, on risque de se passionner pour la louange, de flatter les hommes pour leur plaire, et d’incliner au matérialisme pour enlever le suffrage de la foule…
— Auriez-vous donc remarqué, dans mes ouvrages… ?
— Ah ! seigneur, je vous ai lu avec beaucoup d’attention, et, comme je veux m’instruire, le dessein de vous soumettre certaines obscurités, certaines contradictions, certains… sophismes, tels à mes yeux, sans doute, à cause de mon ignorance, ce désir n’est point étranger au but d’un si long voyage.
— Nous ferons de notre mieux, articula Soliman, non sans