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Il crut qu’il le suivrait dans le plus froid climat,
Et son œil aveuglé d’un trop brillant éclat,
Au milieu des brouillards cherchait le météore,
Et dans un ciel désert croyait le voir encore.

Mais il ne vit plus rien, que l’horreur et la mort,
Rien, que l’aridité d’une terre glacée,
Il n’entendit plus rien, que le souffle du Nord,
Chassant le dernier son de sa grandeur passée.

S’il veut autour de lui promener ses regards.
Que voit-il ? Les débris de son immense armée,
Des squelettes hideux, errans de toutes parts,
Naguère les appuis de tant de renommée !

Des torrens, des rochers, un ciel toujours couvert,
Qu’un seul reflet du jour dans le lointain colore,
Et les feux de Moscou, qui promènent encore
Leurs funestes clartés sur ce vaste désert.


*

Alors il réfléchit ; sa pensée incertaine
Rappelle du passé le brillant souvenir ;
Et le passé n’est plus qu’une image lointaine
Qui s’abîme dans l’avenir !