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Dans le triste réduit, où le roi prisonnier
Après tant de chagrins exhala l’existence,
Les preux, frappés encor de son accent dernier[1],
Les yeux fixés sur lui, gémissent en silence :
Mais aux portes s’entend un bruit long et confus,
Soudain la Renommée embouche la trompette,
L’écho redit ses sons, et partout il répète
Ces mots : Il n’est plus, il n’est plus !

N’est-ce qu’un bruit trompeur et l’accent du mensonge ?…
Sans le croire on l’entend : mais le bruit se prolonge,
Le temps, comme un vain son, ne l’a point dissipé,
Et sur tant de grandeur la mort a donc frappé !
Les uns ont tressailli d’une barbare joie,
D’autres, pleurant sa perte, au chagrin sont en proie,
Quelques-uns même encore ne peuvent consentir
À croire un coup du sort qu’ils étaient loin de craindre :
« Comme si le soleil pouvait jamais s’éteindre,
« Et comme si le Dieu pouvait jamais mourir ! »

*
  1. Les dernières paroles de Napoléon, furent : Mon Dieu et la Nation Française !… Mon Fils ! Tête armée !… On ne sait ce que signifiaient ces derniers mots : Peu de temps après, on l’entendit s’écrier : France ! France !