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sur la terre et bonne volonté parmi les hommes ».

Mais toutes ces splendeurs sucrées, toutes les montagnes de pains d’épice de Gertwiller ou de Dijon, disparaissaient quand, subitement, on arrivait devant les entassements de fusils, sabres, tambours, trompettes, shakos et képis. Un frémissement vous secouait des pieds à la tête devant le flamboiement de l’acier et du cuivre. Que de rêves belliqueux traversaient nos cervelles d’enfant et comme involontairement on se surprenait à entonner une marche entraînante ! Le vieux sang guerrier de nos pères, qui avaient parcouru tous les champs de bataille d’Europe, battait dans nos veines à les rompre. Puis, quel enthousiasme, quand on arrivait devant la boutique, où sur des planchettes s’allongeaient d’innombrables soldats en carton, massés devant des forts de toute espèce, garnis de canons en bois ou en cuivre. Et cet entassement de boîtes en carton bleu pâle où nous devinions des masses d’autres ! Comme nous eussions