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qui mieux mieux les exercices prussiens, en sifflant la « danse des ours », ainsi qu’on appelle, en Alsace, les marches militaires, coupées du son aigrelet des fifres.

Les soldats se dispersaient lentement dans les rues du village cherchant le gîte indiqué sur le billet de logement, accueillis partout avec une froideur non dissimulée. Eux courbaient la tête sous les regards dédaigneux qui les toisaient. Ils semblaient sentir sous la réserve glaciale de leurs hôtes une comparaison peu flatteuse pour eux, avec les soldats de France, si gais et si sympathiques, et ils se faisaient très humbles dans ce petit village vosgien, à deux pas de la frontière. Une heure après, sous la lente tombée de la nuit, le calme le plus profond régnait partout, troublé seulement par la promenade ennuyée des sentinelles, gardant, sabre au poing, la batterie d’artillerie de montagne parquée sur la place de l’Église.

À ce moment, les deux commandants des détachements, après avoir veillé à l’in-