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et de mauvais traitements, où pendant trois ans ils n’entendront plus prononcer le doux nom de France, qu’ils gardent religieusement au fond de leur cœur.

C’est à tout cela que je songeais hier en voyant passer dans les rues de Paris tous ces jeunes gens, les bleus, comme vont les appeler demain leurs camarades plus anciens. Et je songeais à ceux d’entre ces jeunes qui ont perdu la petite patrie de leurs ancêtres. Je leur souhaitais de rester toujours dignes de cette forte race guerrière qui a donné à son pays Jeanne d’Arc, Fabert et Kléber et de se souvenir toujours qu’ils auront un jour un devoir sacré à remplir. Qui sait si parmi ceux qui resteront au régiment, qui monteront lentement échelon par échelon aux différents grades de la longue hiérarchie militaire, il ne s’en trouvera pas quelques-uns auxquels un avenir glorieux est réservé et qui continueront avec éclat la tradition de leurs anciens.