Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/930

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
MONROSE

Avec tout autre mari, que de maux pareille scène aurait pu causer ! Cependant d’Aiglemont avait acquis trop de droits pour qu’on pût lui refuser de courtes confidences. Son attendrissement touchant, ses vives caresses les sollicitaient, et miss, dont le cœur était bourrelé, avait besoin du soulagement de les répandre. Milady Sidney fut nommée. « Milady Sidney ! c’est la sœur de ma meilleure amie. — Et moi je suis la malheureuse nièce de lord Sidney. — De lord Sidney, de l’homme pour qui j’ai le plus de respect ! — Et que nous venons de déshonorer ensemble ! — Chut ! » Le pathétique d’Aiglemont eut bien de la peine à remettre cette tête bouillante qui venait de s’exalter. Il en vint pourtant à peu près à bout ; il plaida pour Monrose, qu’il dit connaître depuis longtemps pour la plus honnête créature de l’univers. Il pria qu’on voulût bien lui laisser le soin de tout approfondir et de ramener les esprits. Le résultat de cet utile éclaircissement fut que miss Charlotte, dans sa position, ne pouvait rien faire de plus à propos que de me demander asile, puisque j’avais, quoique cadette de bien des années, un entier ascendant sur ma sœur, et, de plus, un très-bon cœur, disait-il. Or, je me pique de mériter cet éloge.