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MONROSE


déchaînent si fort, toute vraie sensibilité, tout vertueux sentiment. Eh ! qu’a donc de commun ce vertige, ce délire convulsif, causé par une surabondance d’âme physique et terrestre avec les opérations sensées, souvent sublimes de l’âme morale et divine ! Chez les êtres bien nés, mais qui sont sujets à des accès de fièvre lubrique, tous les intervalles sont d’une énergique santé ; chez eux, c’est peut-être dans l’effervescence de ces passions que vous nommez vices, que se fait le départ d’où résulte l’or de leur naturel. Ne blâmez, ne méprisez que ces êtres abandonnés, atteints d’une dépravation consommée d’où naît une fièvre, une rage qui ne permet aucun intervalle de saine raison, de sentiment ni presque d’humanité. Que dis-je ! il ne faudrait peut-être que les plaindre et les fuir.

Ce n’était pas une associée de plaisir, c’était une bienfaitrice qu’Aglaé chérissait dans la charmante d’Aiglemont ; c’était surtout une sympathique, vive et toujours égale amie qui la pénétrait à la fois de tous les bons sentiments. C’était de même que, tout intérêt de sens à part, je les chérissais l’un et l’autre. C’était ainsi que, dans mon extrême désir que la jeune marquise se tirât d’affaire, je franchissais le moment des dangers ; c’était encore ainsi que,