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MONROSE


même venu une idée, si notre jeune témoin, qui, malgré sa belle tirade de morale, n’était rien moins qu’un sage, eût marqué de la curiosité et demandé qui donc pouvait être cette compagne de voyage qu’on allait encloîtrer. Mais je lui vis un air recueilli ; pendant plusieurs minutes il se tut, nous laissant jaser de choses indifférentes. Je sonnai pour mon lever : dès que mes femmes entrèrent, il disparut.

D’après les aventures qu’on verra se succéder, le lecteur aurait deviné ce qu’il est plus naturel de lui dire tout de suite : c’est qu’aussitôt, en nous quittant, Monrose court au fidèle Lebrun, le charge de voler à l’Hôtel d’Angleterre, rue des Filles-Saint-Thomas ; de s’y informer adroitement des noms, qualité, âge, figure, etc., d’une personne qui voyage avec certaine milady arrivée la veille.

Pour bien faire sa commission, mons Lebrun feint d’avoir à parler de quelque chose de fort important à milady (qu’il sait bien être absente)… Il s’agit donc de l’attendre… en bas d’abord, chez l’hôtesse… « Milady tarde bien ! mais M. Lebrun pourrait parler à la femme de chambre. — Je ne sais pas l’anglais… — Mademoiselle Brigitte écorche le français… — Sur ce pied, je serais charmé de faire connaissance avec elle… On