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MONROSE


l’anglaise. Il avait par bonheur autant de répugnance pour nos abandonnées, pires dans ce genre que celles de Paris, mais il aurait eu volontiers une riante intrigue.

« Un jour que, formant un carré, ma mère, Sara, Monrose et moi, nous agitions gaîment, nez à nez, et tout bas, la question de ce qui pourrait l’occuper agréablement, il eut la folie de dire, en élevant la voix : « Je ne vois qu’une manière de bien placer ici mes inclinations : je vais me constituer amant de miss Charlotte ! » Notre premier mouvement fut de rire de cette boutade. La petite était là, brodant près d’une fenêtre. Ce ne fut pas sans quelque étonnement que nous la vîmes lever un moment les yeux avec tout le sérieux d’une personne faite. Elle rougit, ne répondit rien ; et tout aussitôt elle parut travailler avec un redoublement d’attention à sa broderie.

« Quel incendie terrible avait pu produire une étincelle échappée au hasard ? C’est, ma chère Félicia, ce qu’encore à présent j’ignore. Quelle liaison secrète des événements qui semblaient ne regarder que mon fils, miss Charlotte et mistress Brumoore, ont-ils eu avec l’horrible aventure qui m’a privée près de sept ans de l’estime et de la confiance de mon époux ? C’est ce que mon fils seul pourra m’expliquer.