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MONROSE


pas depuis l’heure de son réveil jusqu’à celle où, pour son repos et sa santé, nous devions enfin le laisser libre. En vain Socrate prétendait-il qu’on est toujours logé assez au large pour recevoir de vrais amis : souvent nous étions entassés et gênés chez le nôtre ; nous lui donnions tour à tour le plaisir de la conversation, de la lecture et de la musique. La tendre d’Aiglemont, d’autant plus libre que le marquis allait à son régiment, vivait presque absolument chez nous, et partageait le plus souvent ma couche. Mesdames de Belmont et de Floricourt étaient rentrées pour toute la saison, afin de nous aider à faire, des jours de notre héros, un cercle d’instants agréables. Sans doute il est inutile de dire que la dernière avait renoncé à sir Georges dès le jour de sa querelle, et commençait à le haïr beaucoup plus qu’elle ne l’avait jamais aimé. Tel est le dénouement ordinaire de ces inclinations raisonnées qui mettent ensemble des gens que le cri de la sympathie n’avait point appelés.

Trois semaines s’étaient écoulées ; le cher blessé (le nôtre, bien entendu) se rétablissait à vue d’œil. Chaque matin il avait l’attention d’envoyer demander des nouvelles de sir Georges. Un jour enfin, au retour du message, on lui

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