Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/601

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
MONROSE


que l’éclair, la pierre retombe, obéissant à l’immuable loi. C’est ainsi de nous : notre gravitation, c’est cet attrait naturel, si doux, qui presse un sexe de se jeter à corps perdu dans les bras de l’autre. Suivons pour exemple les chances d’Aglaé : les préjugés sont le ciseau qui l’a façonnée ; cette gloriole de dédaigner l’homme et de braver ses grossiers services, c’est la cime où il n’est ni aisé ni naturel de se hisser ; la grue, c’est mon art à faire adopter de fausses idées dont je faisais mon profit ; la rupture de la corde, c’est ce que la jeune dupe a vu chez moi, chez la marquise et tout ce qui s’en est suivi ; la chute enfin et le prompt état de repos qui y succède, c’est cette invariable gravitation respective vers les centres dont j’ai parlé.

Laissons faire Aglaé : sans doute fidèle à la nature, elle en suivra toutes les lois et se laissera facilement entraîner au besoin dans des profondeurs qui ne sont après tout qu’un abîme de délices ; encore une fois, je ne vois à tout ce qui lui est arrivé que la vraie nature, celle qu’ignorent les faiseurs de romans. Je n’ai jamais pu me laisser persuader par ces innombrables contes de femmes rigoristes, constantes dans le mépris, dans l’horreur d’une chose qu’on sait pourtant faire tant de plaisir, ou de ces