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MONROSE


êtres sensibles à l’excès, dont chacun s’accusait avec délire d’être l’auteur du malheur de l’autre… Mais je n’ai pas le talent de ces gens qui s’entendent si bien à filer une scène de tragédie bourgeoise. Je me borne donc à vous dire qu’avant midi, tout ce que je viens de raconter, était consommé.

« Dès qu’on eut pourvu directement à ce qu’exigeait l’état de l’accouchée, on s’occupa de la fable dont il conviendrait de revêtir la mort subite du malheureux Belmont. L’honnête avocat fit à ce sujet des ouvertures fort sensées ; il se fit fort de tout arranger, et se chargea du soin des obsèques. Ou décida que ce galant homme se fixerait, pendant un certain temps, dans l’hôtel même, et que la Bousinière, dont on prendrait soin, y serait également retenu jusqu’à nouvel ordre. Le ressentiment, la douleur, les scrupules de celui-ci furent assez facilement enchaînés au moyen d’une centaine d’écus qui passèrent de la poche de mon cher maître dans la sienne. Cet argument irrésistible métamorphosa soudain le méprisable vieillard ; on le vit même sourire à son bienfaiteur, en homme qui lui pardonnait déjà ses prétendus torts envers la sage Armande, ainsi que la mort de l’intime ami Belmont.

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