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MONROSE


trois blessures qu’avait reçues notre ami, aucune n’était dangereuse, et qu’elles n’exigeraient même qu’à peine qu’il gardât le lit ; mais nous frémîmes, les écluses de nos yeux se rouvrirent et l’appartement retentit de nos sanglots, lorsqu’on nous apprit que, si certain coup n’avait pas heureusement porté sur une côte, Monrose l’aurait eu tout au travers du corps.

Enfin, quel avait été l’adversaire ? M. de Belmont, cet homme funeste dont tout à l’heure encore le prélat me parlait ; ce scélérat que la Providence avait exprès ramené d’Amérique, pour qu’il subît enfin un châtiment, trop honorable sans doute, qu’il avait mérité par une longue suite de déportements.

Lebrun, le fidèle et brave Lebrun, témoin du combat, toujours aussi propice que dévoué Mentor de notre précieux Télémaque, c’est Lebrun qui, prié, pressé, carressé, va nous faire enfin l’histoire intéressante de l’origine de la rixe, de la scène et de son dénoûment tragique. Lebrun a pour auditeurs, avec moi, mesdames de Garancey, d’Aiglemont, le prélat, Saint-Amand ; et quand il est près de commencer son récit, survient la jeune marquise, que j’avais fait appeler. Ce qu’il reste d’agitation à celle-ci, quoique je l’aie fait rassurer par de bien bonnes