Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/535

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
MONROSE


d’une infidèle qui n’était que son épouse ; mais la baronne est une amante, et c’est son amant qui la trouve saturée de plaisir entre deux rivaux heureux à la fois !… Que dire ! que faire ! de qui se venger ! comment !… Il y a de quoi perdre la tête ; nulle possibilité de bien sortir d’un aussi mauvais pas : la seule issue qui ne soit pas hérissée de périls, s’ouvre à pic sur le précipice du ridicule ! Deux heures après, en dépit de tout l’amour des mansardes, le double cocu partit à la sourdine, me disant adieu par un billet poli qui m’annonçait qu’un postillon[1], survenu à l’improviste, le forçait à se rendre aussitôt à Paris pour des affaires indispensables.

La baronne nous restait. « Tout coup vaille ! » dit-elle, quand elle apprit la désertion du vieux sigisbé. Elle perdait à la vérité des loges, une voiture et quelques petits reflets de considération, mais elle recouvrait une liberté dont, à chaque pas, nous apercevions mieux qu’elle aimait à faire amplement usage ; elle avait assez de charmes pour pouvoir se flatter de faire quelque nouvelle conquête, et assez de fortune pour qu’elle ne fût pas extrêmement pressée de rem-

  1. Ayant écrit dans son billet postillon au lieu de courrier, le malheureux général prêtait encore mieux le flanc à la malignité des persiffleurs.