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MONROSE

Notre quatuor vécut d’abord isolé pendant plusieurs jours, moi jouissant du bonheur d’avoir à tout instant sous ma main deux êtres que ci-devant je n’avais pu voir qu’à bâtons rompus, le seigneur Monrose s’accommodant à la sourdine de deux charmantes soubrettes, sur la conduite desquelles je fermais volontiers les yeux, puisque depuis plus de six mois que probablement on était ensemble, mais moins décidément, sur le même pied, tout s’était passé sans scandale, et que j’étais toujours convenablement servie ; nous étions, dis-je, isolés de la sorte depuis plus d’une semaine, lorsqu’un beau jour à différentes heures arrivèrent deux voitures : l’une nous amenait Liesseval avec son goutteux commandeur ; l’autre nous donnait la charmante surprise de voir d’Aiglemont avec sa jolie moitié. Je n’avais pas souhaité de me lier avec cette dernière à Paris, de peur que ses alentours ne la prévinssent contre moi, qui, bien que comtesse et riche, ne laissais pas d’avoir, comme tout le monde, mes détracteurs tout prêts à répéter dans l’occasion que j’avais été… ce dont on a l’injustice de blâmer une femme, quoique pourtant on trouve infiniment doux qu’elle le soit. Une connaissance sujette, en ville, à mille inconvénients, n’en avait aucun à la campagne.