de mère, elle est entrée en société avec son exécrable
père adoptif. On prétend qu’il commença
par la séduire, en dépit de la disproportion
des âges et des figures. Mais que ne peut
pas, sur l’inexpérience et le préjugé, l’artifice
du crime revêtu de l’autorité paternelle ! Bientôt
la malheureuse Armande se vit associée à
l’industrie odieuse d’un homme qui a partagé
sa vie entre les aventures scandaleuses, le jeu,
le libertinage, la chicane, les mauvaises affaires
et les escroqueries. Armande a quelques revenus
inaliénables dont elle aide son infâme père
à vivre. Il a d’ailleurs un emploi d’espion de
police qui fournit à ses débauches, et le vil coquin
ne dédaigne pas de recevoir, à titre de
pauvre honteux, les aumônes de quelques communautés
religieuses. Au surplus, Juliette prétendait
que si Armande était forcée, peut-être
sous peine de la vie, à se prêter aux horribles
projets de son père, qui avait toujours à ses ordres
une clique de marauds comme lui, du
moins elle n’épargnait rien pour traverser secrètement
leurs manœuvres ; c’était même elle
qui, par des contre-ruses fort adroites, avait
fait manquer deux mariages avant celui dont
je me trouvais menacé. Sur ce pied, il y avait
encore pour moi quelque espérance de terminer
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MONROSE